LEÇONS DE TÉNÈBRES
Marc-Antoine Charpentier
Il n’y a peut-être aucune oeuvre, dans toute la musique française du XVIIe siècle, qui puisse toucher l’auditeur aussi profondément que les Leçons de Ténèbres.
Il était de bon ton de s’y rendre les mercredi, jeudi et vendredi de la semaine sainte pour y entendre les chanteuses d’opéra dans la dernière composition des Lamentations de Jérémie. Après tout, l’opéra était fermé et, pour certaines des chanteuses adulées, la liturgie de la semaine sainte offrait une occasion unique de déployer une fois de plus leurs langoureux “ports de voix”, leurs “sons filés” maniérés, leurs “accents et tremblements” époustouflants, pour le plus grand plaisir d’un public qui s’intéressait plus au divertissement sacré qu’à la prière et au repentir. En fait, ces Leçons de Ténèbres constituent la première partie des prières de bréviaire, divisée en trois nocturnes et principalement formée de psaumes et de leçons. A l’origine elles devaient être chantées juste après minuit, à la première heure des jeudi, vendredi et samedi saints (matines). Mais cet horaire convenait mal à un public d’opéra gâté, si bien qu’on l’avança au midi du jour précédent, “Mercredy, Jeudy et Vendredy Saint”.
Pour ce programme, l’ensemble ZENE a fait une sélection de Leçons et Répons de Ténèbres (Mercredy et Jeudy) pour deux Dessus et Haute-Contre et y a ajouter le poignant Stabat Mater pour des Religieuses, également de Marc-Antoine Charpentier arrangé par le chef Bruno Kele-Baujard pour 3 pupitres de femmes.
Marc-Antoine Charpentier (1643-1704)
Stabat Mater pour des Religieuses (H.15)
Leçons et Répons de Ténèbres du Mercredy, Jeudy et Vendredy Saint (extraits)